Métamorphoses est constitué pour ce programme de six solistes : 2 sopranos, 2 ténors, 1 baryton, 1 basse, et est accompagné par quatre jeunes biscantors (2 sopranos, 1 contre-ténor, 1 ténor).
La messe Pange lingua est une merveille d’unité autour de l’hymne Pange lingua, utilisée comme un fil conducteur, mais plus en leitmotiv qu’en Cantus firmus. Composée au soir de la vie de Josquin, elle allie la vitalité incoercible de ce jeune homme de 65 ans, le calme intérieur du vieux compositeur et l’immense maîtrise acquise en un demi-siècle de création.
La messe De beata Virgine est un somptueux feu d’artifice, alternant profondeurs de recueillement et flamboyants lyrismes. Son invention est non seulement très variée, car Josquin y a vraisemblablement rassemblé des fragments de messes, mais d’une complexité presque sans égale dans toute son œuvre. L’unité est cependant également présente, avec un gigantesque canon à la quinte traversant plus de la moitié de la messe (Credo, Sanctus, Agnus).
— Sais-tu que j’ai le même âge que le tien quand tu as composé la Pange lingua ? C’est peut-être pourquoi j’y suis si sensible et me suis tant régalé à la diriger !
Josquin est de bonne humeur ce matin...
— Hé, hé, ça crée des liens !
— S’il en était besoin… En tant que compositeur, je ressens intensément l’unité de l’œuvre. Le thème principal, exposé dès le début au tenor, puis suivi au bassus à la quinte, traverse ensuite toute l’œuvre. Aucune uniformité cependant, grâce aux canons variés, à l’octave, à la quinte, à la quarte, aux « machines » josquiniennes, à l’insertion de blocs homophoniques, et enfin aux différents tempi que j’ai choisis. Par contre, il y a relativement peu de polyrythmes, c’était peut-être l’âge (rire)…
— …..
— J’ai travaillé avec passion les tempi et les équivalences, quasiment pendant un an. Je pense que tu retrouveras la fluidité et la variété que tu y avais imaginées : plainte et majesté dans le « Kyrie », mécanismes serrés des « Et in terra pax », « Patrem omnipotentem », « Et resurrexit » jusqu’à l’accélération du « « Et in spiritum » jusqu’au « Amen » final, intériorité des « Qui tollis », » Et incarnatus est, « Sanctus », « Benedictus »> et bien sûr lyrisme serein des « Agnus De »i.
— Pas de difficultés particulières ?
— Pas vraiment. ….
Suite dans le livret du CD…
Josquin quittant Ferrare arrive très rapidement à Condé-sur-l’Escaut le 3 mai 1504, un document faisant figurer les quatre nouveaux chapelains admis au chapitre de Notre-Dame dont « Monsieur le Prévost, messire Josse des pres ». Un singulier jeu de chaises musicales amène ainsi Josquin à remplacer Pierre Duwez qui succède à Douai à Loyset Compère qui lui-même devient chanoine à Saint-Quentin. Condé est en effet un centre musical actif et renommé soutenant la comparaison avec les autres foyers musicaux du Nord comme Saint-Quentin, Soignies, Cambrai ou la cour de Malines près de Bruxelles avec la présence de la régente des Pays-bas espagnols, Marguerite d’Autriche.
Le retour à Condé-sur-l’Escaut n’est pas pour autant synonyme de retraite car être prévôt signifiait assurer la direction du collège des chanoines, c’est-à-dire la gestion d’un ensemble d’environ soixante-dix personnes : les chanoines (résidents ou non), les chapelains, les vicaires (petits et grands) ainsi que les chantres. Les bénéfices matériels de cette charge enviée l’abritent maintenant de tout souci matériel. En 1508, un quiproquo réunit d’ailleurs épistolairement Marguerite d’Autriche au chapitre de Notre-Dame à Condé. La souveraine croyant la prébende de Josquin vacante, écrit pour proposer un nouveau bénéficiaire, le docteur Collerab. Le chapitre lui répond alors non sans humour le 23 mai : « Tres exellente et redoubtee princesse. En tres parfonde humilité nous voz recommandons a vostre noble grace vostre bon plaisir soit de savoir tres excellente et redoubtee princesse que incontinent la reception de voz lettres nous noz sommes par vraye et entiere obeissance transporté en nostre chapitre ou nous avons veu et ouy la teneur dicelles contenans en substance la requeste que il vous a pleut faire pour le docteur Collerab. A coy pour response obediente nous vous advertissons tres redoubtee princesse que nostre prevost est en tres bonne sancté appellé Josquin Desprez. Lequel lui meismes a lut vos dictes lettres. »
Bien qu’âgé d’une soixantaine d’années environ, Josquin se porte donc bien...
Suite dans le livret du CD…
Le bulletin de souscription et/ou de mécénat était disponible ici.
De la Pange lingua :
De la de beata Virgine :
© Retraite dans la Ville
Bonne écoute !
5 avril 2016, France Musique, Classic Club (22h30-24h : Un bourbon sinon rien).
Le podcast de l’émission entière est ici (à partir de la min.27). Si vous souhaitez juste l’extrait, nous vous le proposons en deux parties.
23 mai, Fréquence protestante, Divertimento (14h-14h30).
L’entretien s’ouvre sur le « Kyrie » de la messe Pange lingua. Puis Maurice Bourbon évoque la vie de Josquin Desprez et son rôle dans l’évolution musicale de son temps. On parle des relations entre musique et mathématique... L’écoute d’un large extrait de « l’Agnus » de la messe Pange lingua permet ensuite à Maurice Bourbon d’expliquer comment la musique est venue à lui et d’évoquer les ensembles vocaux qu’il a créés...
9 juin 2016, Radio Classique, Le journal du classique (13h05-13h30)
Par ailleurs, voici quelques critiques discographiques :
Date de publication : mardi 26 mai 2015
Association LA CHAPELLE DES FLANDRES - Pôle d'art vocal Nord-Pas de Calais
8 rue des Fossés - 59100 ROUBAIX
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